Amatka par Karin Tidbeck : du réalisme magique classique dans une dystopie extraordinaire
Par Ali Tahmasebi[1]
Les mots et les objets existent parce que nous existons. Ce sont les locuteurs, surtout lorsqu’ils parlent, qui donnent vie aux objets, aux actions et à l’univers. Du moins, c’est littéralement le cas dans Amatka, où les objets sont confirmés dans leur existence par le mot qu’on utilise pour les identifier. L’auteure Karin Tidbeck travaille ainsi l’importance des mots dans son roman de réalisme magique, dont elle a elle-même écrit les deux versions originales, suédoise et anglaise[2].
Vanja, la protagoniste du roman, occupe un poste désenchantant, aux tâches répétitives, dans la société imaginaire dont Amatka est l’une des rares villes, celle la plus au nord. La langue qu’on parle dans ce monde est en train de se dissoudre, sans que la population s’en rende vraiment compte, alors qu’on se débarrasse des mots les moins utiles. L’État désire enlever les mots qui sont de trop, pour ne conserver que le nécessaire, dans un effort visant à cacher aux gens qu’on peut, avec beaucoup d’effort, transformer un objet en un autre si on lui attribue un nouveau nom.
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